la cigale myope
lundi 17 septembre 2012
Pensées pas convenables de Grèce.
Je suis
pressée, mon chat Loulou miaule dans sa boîte, il bave, il stresse, le
vétérinaire est à 10 minutes, j’ai rendez-vous. Rien de tragique, probablement une
gingivite, mais bon, je suis pressée quand même. Si conduire sur une île des
Cyclades ne prépare vraiment pas à bomber sur une autoroute (italienne en
particulier), par contre, question réflexes, attention de chaque seconde et
habileté à éviter les obstacles, c’est la meilleure école. Et une fois de plus,
et je ne les compte plus, ces centaines, ces milliers de fois, je me dis in petto mais très fort : « Ce
qu’ils sont cons, ces grecs ! ». Droit devant moi, après une grande
courbe, un virage sur la gauche bien serré, une voiture a décidé de faire
demi-tour, elle est de travers sur la route. Et, cerise sur le gâteau asphalté,
une bonne femme sur un de ces effroyables papakia (scooters) locaux s’est arrêtée,
entre cette voiture de travers et une autre voiture à peine garée sur le côté
droit, pour discuter le coup. Je pile, la boîte du chat fait une glissade
derrière moi, Loulou miaule de plus belle… Mais ce qu’ils sont cons, ces grecs !
Quelques
pensées vengeresses sur ma route : les grecs, des cons poètes. Mais j’hésite : des cons poètes ou des
poètes cons ? Toute la poésie de la Grèce dans cette antiquité fabuleuse,
et quelques poètes modernes et contemporains.
La mythologie, lieu premier de cette poésie. De cette pensée tellement
étrange et magique. Contre-pensée : la mythologie grecque n’était en rien
une poétique. Les dieux grecs, anthorpomorphes et fous, sont juste le reflet de
la culture. Mais sur cette culture de fous, de fous géniaux toutefois, la
chrétienté est passée comme un rouleau compresseur, tuant tout le magique et ne
laissant que l’os de la banalité. De la connerie. De la médiocrité. L’orthodoxie
comme redoutable machine à araser, à laminer, à laver les cerveaux. Moi, j’y ai
vu de la poésie partout, dans cette Grèce que je rêvais éveillée : à y
rencontrer des dieux disparus, pas même morts, juste effacés des cœurs, des
consciences. Des pratiques. Les
rencontrer tout de même, sur un chemin caillouteux dans la nuit, dévalant le
Taygète, ou cheminant sur un âne loin de tout. Comment ne pas se mettre à haïr
ces restants, ces dépouilles, ces débris, quand on finit par les voir pour ce
qu’ils sont ?
Tout à l’heure,
deux mecs passent sur la route communale (en fait une bande de béton sur le sol
avec plein de cailloux dessus) qui longe la vieille maison que je loue. On dirait des types de l’eau, et une des
plaies de cette maison, c’est l’eau. Jean de Florette au quotidien et à la
grecque. Le tuyau d’arrivée de mon eau
non seulement a une toute section, est en métal (donc eau « froide » à 45° pendant toute la saison de soleil triomphant), mais en
plus parfois pendant une journée, pendant plusieurs jours et même pendant toute
une semaine début septembre, pas une goutte d’eau. Rien, que dalle. Et sinon,
les jours fastes, un pipi lamentable, une heure pour remplir un seau,
impossible de laver quoique ce soit, et mes dents, c’est à l’eau minérale que
je me les ripoline. Laver les écuelles des chats, c’est des heures aussi.
Et pourquoi ?
Parce que les voisins en aval, des teutons galiéristes à Zürich, pleins de
pognon, donc qui se tapent totalement de la facture d’eau, passent leur été à
remplir des bassins, les vider et arroser leurs centaines d’arbres et leurs
multiples bosquets et buissons. Très beau, très vert, très bien, mais tout cela
fait que je n’ai pas d’eau. Et je m’entends
très mal avec eux. J’ai déjà promis (hurlé et écrit) que le jour où leur énorme berger allemand attaquerait
à nouveau ma chienne Alithia (déjà deux fois le vétérinaire en urgence, des
points de suture, et cent euros de soins), je le tuerais de mes mains. Et je
leur ai également fait remarquer que leurs jeux d’eau 24h/24h implique que je n’en
ai pas du tout (réponse : vous n’avez qu’à vous plaindre à la mairie)
(actuellement, se plaindre de quoi que ce soit à la mairie, c’est peine perdue –
c’était déjà sans espoir avant la crise – entre la fusion des communes, le
manque d’argent total et la désorganisation endémique, ce n’est pas demain que
je peux espérer qu’ils changent ce tuyau pour quelque chose de plus gros). Donc
ces deux types passent, je leur demande s’ils viennent pour l’eau, je leur
redis pour la nième fois mon problème (je n’ai pas compris par quel miracle ils
sont venus : cela fait bien longtemps que je n’essaie même plus de me
plaindre). Et ils continuent leur chemin, vers la propriété en amont, la
bouffeuse de flotte.
Au bout d’un
moment, j’ouvre un robinet, et ô la pression fabuleuse, du plus vu depuis juin !
Je les attends donc sur leur retour, les remercie, « Mais comment
avez-vous fait ? ». Ils ont simplement fermé les robinets ouverts au
maximum 24h/24h, remplissant les bassins qui se déversaient par ailleurs pour
faire une sorte de rivière, charmante, mais inutile, d’autant plus que la
maison est vide. Je suis difficilement
paranoïaque, mais je suis sûre que c’est fait exprès : m’emmerder est sans
prix… Mais qu’ils sont chouettes, ces grecs ! Et qu’ils sont cons, ces
voisins !
mardi 14 août 2012
houdini
je l'appelle houdini : comme il est tout petit et noir, soudain il disparaît... houdiniiiii ? où es-tu ? il sait encore téter. les chatons élevés au biberon ont une sorte d'agressivité dingue contre cet objet. je ne sais pas s'ils sont aussi mordeurs, mâchouilleurs et cogneurs avec les tétons de leur mère. peut-être, oui, raison pour laquelle elle finit par les virer sans ménagement - même si elle peut allaiter très longtemps (zouli mama a allaité ses 4 petits pendant 6 mois). bref, houdini sait encore téter, ses petits oreilles bougent alors, et il ressemble fortement au jedi. mais comme il a aussi commencé à manger de la bouffe de grands, lui arrivera ce qui arrive à tous ces chatons : un jour vient où ils ne savent plus téter.
âge merveilleux où il commence à jouer. pas avec des choses, mais plutôt avec des abstraits : la lumière du soleil sur le sol, l'espace autour de lui, les ombres. seules interactions : alithia, qui toute stérilisée et chienne qu'elle est a l'instinct sûr et parfois un peu envahissant de la mère soucieuse.
âge merveilleux où il commence à jouer. pas avec des choses, mais plutôt avec des abstraits : la lumière du soleil sur le sol, l'espace autour de lui, les ombres. seules interactions : alithia, qui toute stérilisée et chienne qu'elle est a l'instinct sûr et parfois un peu envahissant de la mère soucieuse.
vendredi 10 août 2012
manman !
les chatons abandonnés que je nourris me font tous, à un moment donné, le coup : ils me regardent, me VOIENT, et font miouuu miouuu, ce qui, en langage chaton, signifie : manmannnn manmannn.
je ne sais pas si cela correspond à l'imprégnation des oies de lorenz, qui, si je me rappelle bien, se passait instantanément, au moment où lorenz montrait son nez à l'oisillon au sortir de l'oeuf.
le fait est que mes chatons, ce sont toujours des chatons abandonnés, parfois depuis de longs jours (c'est terriblement résistant, un chaton), parfois leurs yeux sont encore fermés, d'autres fois les yeux à peine ouverts, encore bien bleu foncé. ils ont eu peur, ils ont eu faim, ils se sont sentis fondamentalement en danger. alors mon biberon, ils l'acceptent sans barguigner, le petit coton pour le pipi aussi. survie. ouf.
alors je ne sais pas si c'est une question d'âge, un jour de plus, un jour de moins, mais il y a toujours un moment où j'ai l'impression qu'ils réalisent "vraiment", en une sorte d'insight, que je suis là, et là pour eux. une sorte d'énorme maman, pas très présente, mais quand même là au premier miouuu miouuuu avec le biberon et le petit coton, et ils me semblent me VOIR soudain.
zébulon vient de me faire le coup. c'est le petit dernier. le soir, je couche alithia avec lui, elle le nettoie très très consciencieusement, le museau, le cul, le ventre, elle lui mordille la peau, tout en faisant bien attention de ne pas le blesser, elle fait la mère bis et dort avec lui ! ouf.
je ne sais pas si cela correspond à l'imprégnation des oies de lorenz, qui, si je me rappelle bien, se passait instantanément, au moment où lorenz montrait son nez à l'oisillon au sortir de l'oeuf.
le fait est que mes chatons, ce sont toujours des chatons abandonnés, parfois depuis de longs jours (c'est terriblement résistant, un chaton), parfois leurs yeux sont encore fermés, d'autres fois les yeux à peine ouverts, encore bien bleu foncé. ils ont eu peur, ils ont eu faim, ils se sont sentis fondamentalement en danger. alors mon biberon, ils l'acceptent sans barguigner, le petit coton pour le pipi aussi. survie. ouf.
alors je ne sais pas si c'est une question d'âge, un jour de plus, un jour de moins, mais il y a toujours un moment où j'ai l'impression qu'ils réalisent "vraiment", en une sorte d'insight, que je suis là, et là pour eux. une sorte d'énorme maman, pas très présente, mais quand même là au premier miouuu miouuuu avec le biberon et le petit coton, et ils me semblent me VOIR soudain.
zébulon vient de me faire le coup. c'est le petit dernier. le soir, je couche alithia avec lui, elle le nettoie très très consciencieusement, le museau, le cul, le ventre, elle lui mordille la peau, tout en faisant bien attention de ne pas le blesser, elle fait la mère bis et dort avec lui ! ouf.
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